Jeudi 24 novembre, bravant les incidents d’exploitation sur les lignes 6 et 12, les CM2B ont
découvert la station de métro la plus profonde de Paris, avec ses 176 ou 181 marches – qu’aucun de nous n’a pu mesurer avec exactitude !
Dans cette belle salle du théâtre des Abbesses (accueillant le Théâtre de la Ville) dans le
18ème, les enfants de CM2B accompagnés par leur maitresse Madame Lambard et quelques parents, se sont installés aux deux premiers rangs. Deux autres classes (collège et lycée) avaient pris place dans les hauteurs de la salle de spectacle. Ils savaient tous qu’ils allaient assister à la pièce « La Morsure de l’âne » de Nathalie Papin, mais personne ne s’attendait à rencontrer la metteure en scène Emilie Le Roux en fin de représentation accompagnée de quelques acteurs de la troupe assis sur le bord de la scène prêts à répondre à toutes les questions d’un jeune public manifestement concerné et désireux d’échanger. Ce fut une bonne surprise.
Une pièce contemporaine, avec une mise en scène imaginative, les fait accompagner l’âme
de Paco et l’âne chargé de le conduire dans cet entre-deux, entre la vie et la mort. Ce Paco
est mal en point, plongé dans le coma long après une rupture d’anévrisme. Ses rencontres
avec les vivants qui restent à son chevet et les morts, la question répétée de savoir s’il veut
vivre ou mourir, son indécision puis sa réconciliation avec son corps bénéficient d’effets de
mise en scène et de références que les enfants ont parfois du mal à saisir.
On a entendu quelques rires quand le personnage principal, Paco embrasse la vie, la belle Noïké, au sens propre comme figuré… Une « bande son » avec piano, violon, violoncelle, et une projection de vidéo par intermittence accompagnent le superbe jeu des acteurs. Le tout se conclut par un bel élan vital et un retour à la vie, la vraie, pour Paco, destinée au bonheur et au plaisir, porté par l’expérience d’avoir frôlé la mort.
Le silence a été le plus total durant l’heure et quart de représentation. Pourtant le texte qui
abordait d’une façon profonde et poétique le sujet de « la vie et de la mort » n’avait rien
d’évident. La rencontre avec la metteuse en scène offre ensuite un beau moment de discussion, auquel participent quatre acteurs sur cinq. Il est question de philosophie, de théâtre, de mise en scène et aussi du jeu des acteurs ce matin là – on passe de la péripétie d’une chute de la valise / rétroprojecteur ou de la manière de faire bouger les oreilles de l’âne à la question du choix de fin de vie anticipée pour une personne âgée… La metteuse en scène, les acteurs et l’équipe du théâtre, malgré le caractère exigeant de l’œuvre, animent finalement un débat très soutenu et captent l’attention des jeunes pendant près de 45’… bravo !
La maitresse était bluffée par tant d’imagination, d’envie de commenter même si la pièce a
pu être perçue un peu longue à certains moments… De toutes les manières, les enfants
avaient tous l’envie d’en parler. Nous avons quitté le théâtre avec dans les yeux une forme de magie et dans la tête plein de points d’interrogations. De quoi alimenter le cerveau en classe et à la maison. Le retour vers l’école Arago s’est fait dans la joie et la bonne humeur, sous un beau soleil qui semblait avoir pris le parti de la pièce, celui de la Vie.
Bravo aux enfants qui ont été très respectueux de la magie du théâtre, respectant les
consignes de silence.
Et pour aller plus loin … quelques liens :
- https://www.theatredelaville-paris.com/fr/spectacles/saison-2022-2023/enfance-
jeunesse/la-morsure-de-lane-1 - https://youtu.be/r5n819L6oAM
- https://calameo.com/books/00426030723627bdd7a30